sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon
la "maison neuve "
Quelques années après le milieu du XXème siècle, aux environs de 1957 et au début des années 60, ont surgi des "maisons neuves"
Ces "maisons neuves" ont surgi aux limites du bourg
quatre maisons furent construites rue Stanislas LUNEAU
trois maisons furent construites rue de la Ville en Pierre
trois maisons furent construites rue Emile Bouanchaud, au-delà du Tertre.
Ces maisons avaient une architecture différente des anciennes maisons : le rez-de-chaussée pouvait être demi-enterré, il servait de garage et de débarras. Mais c'est surtout l'aménagement intérieur qui différenciait une "maison neuve".
La maison disposait d'eau courant et d'eau chaude : l'évier blanc de la cuisine ne pouvait être comparé à l'évier de granit des vieilles maisons de ferme; les WC étaient à l'intérieur de la maison entre la chasse-d'eau et la fosse sceptique; la salle de bain offrait une qualité de soin quotidien pour chacun.
La maison était composée d'une entrée, d'une cuisine, d'un salon-séjour-salle à manger et de deux ou trois chambres. Un lieu de vie pour chaque moment de la journée ouvrait un espace à plus d'intimité, à plus de considération pour soi-même.
La maison était chauffée au moyen d'un chauffage centrale avec chaudière au fuel, circuit d'eau et radiateur dans chaque pièce.
La maison était équipée d'un lave-linge, d'une radio puis d'une télévision, et à partir des années 1970 d'un téléphone.
La maison représentait un montant à payer considérable... c'est le temps où les emprunts vont apparaitre, avec le réseau des cautions que sont les amis, les cousins ou l'employeur qui vont garantir la solvabilité auprès de la banque. Le confort présent et la qualité de vie valent bien un endettement pour deux dizaine d'années.
Cette maison neuve est le projet d'un couple dont l'un ou les deux sont salariés. Elle est un signe de promotion sociale, de réussite. Mais ce qui se passe là n'est pas seulement une ambition personnelle réussie de quelques uns, c'est un mouvement de fond de la société.
une société dont le leadership appartient aux salariés
Les propriétaires de ces maisons neuves sont en majorité des salariés. Ce groupe social des salariés va devenir peu à peu majoritaire, de deux façons
en nombre : les salariés vont devenir le groupe le plus nombreux dans la population.
en modelant un nouveau mode de vie qui sera adopté par la majorité de la population. Les salariés sont moins liée au rythme des saisons, à la production de la terre et de la vigne; leurs revenus sont réguliers, ils ne dépensent plus d'une récolte ou de la vente d'un produit; leur rythme de travail va devenir peu à peu celui de tous avec la réduction du temps de travail et l'apparition du wek-end.
La "maison neuve" va être adoptée par les agriculteurs-viticulteurs, par les artisans-commerçants... elle va devenir un révélateur de la société de consommation. Déjà, les critiques ne manquaient pas face à ces situations où "les ouvriers vivent plus confortablement que les rois de France". Les partisans d'un ordre social ancien regretteront que le plaisir de vivre l'emporte sur le sacrifice et l'austérité. Ils regretteront aussi les conceptions égalitaires qui prévoient que tous ont droit à de bonnes conditions de vie. Ils regretteront enfin que l'emprunt accorde dès aujourd’hui le confort que l'épargne accorderait peut-être après quelques dizaines d'années.
le lotissement
La construction de maisons neuves à Mouzillon ne s'est pas limitée à trois rues. Elle a marqué la configuration de tous les villages soit par aménagement de maisons ou de bâtiments anciens, soit par une construction sur un terrain à proximité du village. Les initiatives individuelles vont être nombreuses.
Mais le mouvement va devenir véritablement collectif avec la mise en place du lotissement constitué par la création de ce qui est devenue la "rue Saint Martin".
La création d'une station d'épuration et d'un réseau d'assainissement avec plusieurs tranches va permettre de rationaliser cet urbanisme qui se crée dans l'espace rural.
D'autres lotissements vont apparaitre
à l'est du bourg avec la rue des Rosiers, la rue du Corbin, la Baronnière
à l'ouest du bourg à proximité de l'école Saint-Joseph, puis route de la Mottte et entre la route du Pin, le Petit-Plessix et le Grand-Plessix
au nord du bourg, en face du Tertre.
une mutation
Cette mutation dans l'habitat fait croitre la population de salariés. La vie collective en est profondément transformée. C'est à partir de cette période qu'il n'est plus nécessaire n'être né à Mouzillon, d'y avoir son arbre généalogique pour devenir conseiller municipal ou maire.
Les facilités de transports avec le bassin d'emploi de Nantes et avec le bassin d'emploi du Cholet vont permettre à de nombreux salariés de venir habiter à Mouzillon et d'y vivre.